Sevrer un veau consiste à le séparer de sa mère pour qu'il arrête de se nourrir de lait et commence à manger comme un adulte. Comme nous le savons tous, pour les mammifères, la consommation de lait maternel durant les premiers mois de la vie est essentielle à leur développement, puisqu'elle favorise grandement l'efficacité de leur système immunitaire.
Savez-vous pourquoi de nombreux éleveurs sont intéressés par le sevrage précoce de certains animaux d'élevage ? Quels effets le sevrage précoce a-t-il sur l'immunité des veaux ? Nous vous apportons ici la réponse à ces questions et bien d'autres.
Facteurs impliqués dans le sevrage et qui influencent l'immunité ultérieure du veau
Lorsqu'un éleveur envisage le sevrage, il prend en considération deux autres facteurs en plus des caractéristiques du veau : la vache et l'alimentation post-sevrage. Sur la base de ces paramètres, le professionnel prend la décision de la meilleure stratégie à mener.
Le veau et ses premiers mois de vie
Tout mammifère, à la naissance, dépend du lait maternel pour se nourrir. Dans le cas des veaux, cette relation est encore plus complexe, surtout si l'on tient compte du développement de leur système digestif de ruminant. En effet, dans les premières semaines de la vie, les "estomacs" de l'espèce bovine subissent d'importants changements :
- Dès sa naissance, le veau n'utilise pas les trois premiers compartiments gastriques -rumen, réticulum et omasum-. Le lait passe directement dans le quatrième compartiment, connu sous le nom de caillette, et de là dans l'intestin. Cela signifie qu'un veau nouveau-né se comporte comme un animal non ruminant.
- Au fil des semaines, le reste des "estomacs" commence à se développer chez le veau, ainsi que ses besoins nutritionnels. À environ 100 jours de vie, ces besoins dépassent ce qui est fourni par le lait maternel.
- Après cinq mois de vie, l'apport nutritionnel offert par l'herbe est plus important, d'autant plus que la production de la mère commence également à s'épuiser. Le sevrage commence ici.
Prolonger la lactation après ces âges pourrait épuiser la vache, ce qui limiterait ses chances de récupération post-partum. Ce serait un grand coût sans aucun avantage, car il ne fait rien de positif pour le veau.
La vache, responsable de l'immunité du veau pendant ses premiers jours de vie
La période des besoins nutritionnels maximaux d'une vache se situe dans les deux mois qui suivent le vêlage. Pendant ce temps, la production de lait augmente progressivement, en même temps que les cycles oestraux de la femelle en question redémarrent.
A partir de là, la production commence à décliner, jusqu'à ce qu'elle s'arrête avec le sevrage. En conséquence, les besoins nutritionnels de la vache diminuent, puisqu'elle n'a pas à produire un liquide riche en graisses et en énergie pour sa progéniture.
Aussi étrange que cela puisse paraître, les besoins nutritionnels d'une vache sont beaucoup plus élevés pendant la lactation que pendant la gestation. La maîtrise de ces périodes permet d'optimiser l'utilisation des ressources sur l'exploitation. En fin de compte, plus tôt le veau est sevré, mieux c'est pour la vache et l'éleveur.
Alimentation post-sevrage
Le sevrage permet de tirer le meilleur parti de l'utilisation des pâturages auxquels le bétail a accès. Lorsque la vache se tarit, à quel point elle arrête de produire du lait, elle peut rester en bonne santé avec un fourrage de moins bonne qualité. Ainsi, l'herbe de la plus haute qualité peut être utilisée pour nourrir le veau et le faire grandir fort et en bonne santé.
Quels sont les avantages d'un sevrage précoce ?
On l'a vu, les particularités du sevrage chez les bovins ne sont pas rares. Le fait de choisir un sevrage précoce du veau peut apporter des avantages pour l'éleveur. Nous vous en montrons quelques-uns :
- Une reprise rapide et efficace des cycles de reproduction de la vache.
- Plus grand nombre de veaux pour chaque période de reproduction, en concentrant les chaleurs des femelles.
- Le raccourcissement de l'intervalle naissance-conception.
- Récupération rapide de la condition physique des mères.
- Meilleure gestion des parcours.
L'immunité du veau n'est-elle pas affectée ?
En termes simples, l'immunité est la capacité du corps à combattre les bactéries ou les virus. Lorsqu'un organisme pathogène pénètre dans le corps d'un animal, une armée de globules blancs - les lymphocytes - se tourne vers la scène.Ce sont ces corps cellulaires qui sont chargés de faire face à la maladie.
Le problème c'est que, dès leur naissance, les mammifères n'ont pas de globules blancs. De plus, lorsqu'ils commencent à les produire, il leur faut un certain temps avant d'être capables de générer des anticorps. Alors, comment un animal se défend-il dès sa naissance ?
Très facile : grâce à l'immunité passive apportée par la mère grâce au colostrum. Cette fraction du lait maternel transfère les anticorps nécessaires au veau pour se défendre contre les infections, du moins jusqu'à ce que son propre corps soit capable de le faire par lui-même.
Donc, oui. On peut affirmer que l'immunité du veau est affectée par un sevrage trop précoce.
Le problème des veaux immunodéficients
Les veaux immunodéficients sont ceux qui manquent d'anticorps maternels adéquats. Malheureusement, ces animaux seront plus exposés à succomber aux maladies infectieuses qui les traquent dans les premières semaines post-partum.
La principale cause de l'immunodéficience est l'absorption inadéquate des anticorps par le colostrum. Par conséquent, tout ce qui améliore cette absorption est utile : par exemple, aider les veaux à prendre leurs premières gorgées de colostrum juste après la naissance.
Il faut conclure en disant que, bien que le sevrage semble être une technique miraculeuse en élevage bovin, il doit être traité avec précaution, notamment du point de vue du veau, pour qui le lait est sa première barrière défensive . Ainsi, il est recommandé de réaliser une étude approfondie de toutes les variables avant de sevrer l'animal.
