La grenouille de Hall, une espèce redécouverte

Dans la crise actuelle de la biodiversité, l'extinction d'espèces est un phénomène de plus en plus fréquent. Heureusement, tous les êtres vivants qui semblent éteints ne le sont pas vraiment. Une petite partie d'entre eux sont retrouvés grâce à des recherches exhaustives, des décennies après leur disparition. C'est le cas de la grenouille de Hall.

Ce petit amphibien n'avait pas été vu depuis qu'il a été décrit par la science, il y a plus de 80 ans. Une équipe de zoologistes chiliens a annoncé leur redécouverte dans un récent article, publié dans la revue scientifique Zootaxons.

Il s'agit d'une opportunité aussi rare que précieuse, qui permettra aux chercheurs d'en apprendre davantage sur la biologie de cet amphibien et d'établir des mesures permettant sa conservation. Dans cet espace, nous vous raconterons sa découverte.

Caractéristiques de la grenouille de Hall

Grenouille de Hall, dont le nom scientifique est Telmatobius halli, est un petit amphibien anoure. La longueur du corps de sa forme adulte varie entre 4,5 et 7 centimètres environ.

La coloration de cet animal est assez discrète. La partie dorsale du corps et les extrémités sont gris olive, tandis que la partie ventrale est blanchâtre avec des taches orangées. La surface du corps est légèrement rugueuse, mais n'a pas les grosses verrues qui caractérisent les autres anoures.

La tête de la grenouille de Hall se distingue par sa grande taille. Les yeux sont situés frontalement, sont très ronds et ont des pupilles circulaires assez grandes. Avec sa gueule géante, cela donne à l'animal un air amical et souriant. Les pattes postérieures sont légèrement palmées.

Au stade larvaire, les têtards de cette espèce mesurent entre 16 et 17 centimètres de longueur totale, bien que la queue occupe environ 60% de cette longueur. Le corps est de forme ovoïde et la queue est aplatie latéralement.

La coloration du têtard est verte et jaune, avec de petits points noirs sur presque tout le corps. Le ventre est translucide, blanchâtre et présente des taches grises. À travers la couche dermique, les organes internes de l'animal peuvent être vus.

Écologie et habitat

Pour le moment, le mode de vie de la grenouille de Hall est largement méconnu, aucun individu de l'espèce n'ayant été observé depuis 1935. Bien qu'il reste encore beaucoup à découvrir, les auteurs de cette récente étude, publiée dans la revue scientifique Zootaxons, souligner certains aspects fondamentaux de son écologie.

Les quelques spécimens trouvés n'habitent qu'Aguas Calientes, une petite source chaude près d'Ollagüe, au Chili. L'habitat estimé pour cette espèce est réduit à ce printemps, il aurait donc une zone de distribution de seulement environ 105 mètres carrés.

La végétation de cette zone est constituée de plantes de la famille des Verbenaceae, telles que Lampaya médicinale Oui Acantholippia tarapacana. Dans l'eau, vous pouvez trouver des roseaux et autres plantes aquatiques, sous lesquels les têtards se réfugient. Les adultes, très aquatiques, apparaissent sur les rivages rocheux de la source.

D'autres animaux ont été détectés à cet endroit, comme des crapauds épineux (Rhinella spinulosa) et les poissons du genre Orestie. Ils partagent tous la caractéristique d'être des êtres vivants éminemment aquatiques

Comment la grenouille de Hall a-t-elle été retrouvée ?

Pour localiser cet amphibien insaisissable, les chercheurs ont utilisé l'article qui décrivait à l'origine l'espèce, ainsi que les chroniques écrites sur la Expédition internationale en haute altitude au Chili à partir de 1935.

Cette expédition avait pour but d'étudier les effets physiologiques de l'altitude sur le corps humain, mais elle fut aussi à l'origine de la première description scientifique de cet animal, et relate les circonstances de cette découverte.

L'aide des habitants était également indispensable, dont une meilleure connaissance du terrain et une relation étroite avec la faune locale sont toujours essentielles dans ces cas. Après plusieurs voyages dans la région, qui les ont amenés à découvrir d'autres espèces d'amphibiens, les chercheurs ont réussi à retrouver cette grenouille en 2015.

L'importance de cette redécouverte

La grenouille de Hall a été redécouverte, mais ce n'est pas que de bonnes nouvelles. Seuls 6 spécimens de cette espèce ont été trouvés, 3 adultes et 3 têtards. De plus, son seul emplacement est très petit, vulnérable et fortement dégradé par la pression humaine.

Bien qu'ils aient survécu à ce jour, il est possible que ces grenouilles soient un microendémisme, une espèce qui n'existe que dans ce petit point du monde, et que sa population est sérieusement réduite.

La zone est utilisée à des fins récréatives et touristiques, ce qui a grandement perturbé son écosystème. Les eaux de la source ont été détournées pour remplir une piscine artificielle, qui a été construite à côté de la source. Il y a aussi camping, avec des aires de pique-nique couvertes.

En plus du tourisme, d'autres menaces pour l'espèce sont l'exploitation minière, l'agriculture et d'autres activités qui pourraient altérer ou assécher le printemps. Sans cette eau, les grenouilles ne peuvent pas survivre, car il n'y a pas d'autres endroits à proximité qui leur conviennent.

Par conséquent, sa redécouverte offre une occasion exceptionnelle d'étudier l'espèce et mettre en œuvre des mesures de conservation urgentes, avant que l'espèce ne disparaisse de la planète.

À l'heure actuelle, les connaissances scientifiques sur cette espèce sont si pauvres qu'elle est considérée comme « avec des données insuffisantes » par le Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), mais sa classification pourrait passer à « en danger critique d'extinction » après d'autres investigations. Il est essentiel de conserver ce petit animal unique sur la planète.

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