Requin aigle : un fossile vieux de 93 millions d'années

Aujourd'hui, la plupart des espèces de requins sont très similaires les unes aux autres, avec des habitudes de prédation marquées et une forme de torpille. Une étude publiée cette année dans la revue Science a décrit une nouvelle espèce, appelée requin aigle ouAquilolamna milarcae, dont l'existence indique que cela n'a pas toujours été le cas.

Cet étrange animal marin vivait il y a 93 millions d'années dans l'actuel Vallecillo, au Mexique. Les fossiles de cet être aquatique ont été parfaitement conservés - très rares pour les requins - et présentent une morphologie unique.

La découverte du requin anguille apporte un éclairage nouveau sur la biodiversité passée des élasmobranches, habitants des marées avant l'arrivée de l'homme sur la planète. Si vous voulez en savoir plus sur lui, continuez à lire.

Caractéristiques du requin aigle

Cet ancien chondrichtyen se distingue par son apparence tout à fait inhabituelle. Bien qu'il s'agisse d'un requin, plusieurs de ses caractéristiques rappellent les raies manta actuelles.

Le corps deAquilolamnaest allongé, hydrodynamique et en forme de tube, comme les autres requins. Il se termine également par une nageoire caudale hétérocerque, constituée d'un lobe supérieur plus long et d'un lobe inférieur plus petit, tous deux de forme triangulaire.

Sans aucun doute, l'aspect le plus frappant du requin aigle est ses gigantesques nageoires pectorales, qui chez les requins modernes sont assez petites. Alors que cet animal mesurait 1,65 mètre de la tête à la queue, son envergure atteignait 1,9 mètre.

Ces nageoires pectorales fines et extrêmement longues se terminaient peut-être en pointe. Ils rappellent une sorte d'ailes aquatiques, d'où le nom que l'animal a reçu.

Curieusement,Aquilolamna ne semble pas avoir le reste des ailerons de requin typiques. Cette étude, publiée dans la prestigieuse revue Science, n'a pas trouvé de nageoires dorsales - le triangle caractéristique sur le dos - ni de nageoires pelviennes, qui seraient situées en dessous et plus près de la queue.

La tête de cet animal est courte et émoussée, avec une bouche large, très éloignée de la tête pointue qui est plus courante aujourd'hui. Aucune dent n'a été trouvée, suggérant qu'il n'en avait pas ou qu'il était très petit.

Mode de vie et évolution

Comme déjà mentionné, l'apparence de cet animal rappelle celle des raies manta actuelles. Leur écologie et leur mode de vie étaient également remarquablement similaires.

Il est possible que le requin aigle ait nagé en déplaçant ses nageoires dans une sorte de vol sous-marin, comme le font les raies manta. Il était également capable de nager lentement en se propulsant avec sa queue. Dans ce cas, les nageoires pectorales ne seraient que de gros stabilisateurs moteurs.

Aussi, la forme de la tête, l'absence de dents et la nage lente indiquent que cet animal n'était pas un prédateur. Le requin aigle était un filtreur, ouvrant la bouche pour avaler de grandes quantités de plancton, tout comme les requins baleines, les requins pèlerins et, bien sûr, les raies manta.

Malgré les similitudes, le requin aigle n'était pas apparenté aux raies manta ou à d'autres batoïdes. Ceci est un exemple de convergence évolutive : les deux organismes sont similaires et occupent la même niche écologique, mais ils y sont parvenus en suivant des chemins indépendants.

Aquilolamna a disparu il y a 66 millions d'années, lors de l'extinction massive du Crétacé-Paléogène. Les raies manta et autres filtreurs ont commencé à apparaître environ 30 millions d'années plus tard.

La découverte du requin aigle

Aquilolamna a été trouvé en 2012 dans les carrières de calcaire de Vallecillo, au Mexique. Ces zones sont célèbres sur le plan archéologique, car elles abritent un grand nombre de fossiles impressionnants.

Fait intéressant, ce fossile conserve la majeure partie du squelette, mais pas les dents. La chose habituelle chez les requins est tout le contraire : seules les dents ont tendance à se fossiliser, car ce sont les seules parties osseuses. Le reste du squelette est cartilagineux et n'est généralement pas conservé.

À tel point qu'à ce jour, la taxonomie des requins est largement basée sur les dents. Comme ce spécimen ne les montre pas, il est très difficile de déterminer leur classification exacte. Pour le savoir, d'autres études seront nécessaires.

D'autre part, cette découverte indique également que d'autres requins fossiles pourraient être plus étranges que prévu. Puisque seules les dents sont connues, il est impossible de deviner à quoi elles auraient ressemblé dans la vie. Il convient de noter que même l'apparition d'animaux aussi célèbres que le mégalodon est inconnue.

Une obtention douteuse

Bien que cet article ait fourni des informations nouvelles et très importantes, il comporte également des considérations éthiques désagréables.L'étude des fossiles des pays à faible revenu a tendance à conduire à des pratiques colonialistes et d'exploitation, ce qui est très mal vu dans la société d'aujourd'hui d'un point de vue éthique et moral.

Ces pays ont mis en place des lois pour lutter contre ces pratiques et empêcher le pillage de leur patrimoine culturel et paléontologique. Pourtant, un trafic de fossiles sur le marché noir très lucratif a vu le jour en réponse à ces interdictions.

Certains auteurs indiquent que le fossile de requin-baleine aurait pu être obtenu de manière douteuse, en profitant de vides juridiques, en violant les codes éthiques et en se passant de collaboration avec des scientifiques autochtones. Sans aucun doute, cela met en évidence la partie la plus sombre de la paléontologie en Occident.

Quoi qu'il en soit, la découverte de cet animal a signifié une révolution pour la communauté scientifique dans le domaine de l'évolution. Son existence montre que nous savons très peu de choses sur le mode de vie et l'apparence des poissons qui peuplaient autrefois nos mers.

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