Dans le règne animal, ce sont généralement les femelles qui quittent leur peau pour élever leur progéniture. Surtout chez les mammifères, le tableau est clair : les femelles prennent soin tandis que les mâles se battent et chassent. Biologiquement, les soins parentaux sont généralement liés au genre féminin. Mais il y a des exceptions à cette règle, et le crapaud sage-femme brise toute idée préconçue de genre.
Ce sympathique amphibien a un comportement fascinant. Par conséquent, ci-dessous, nous vous dirons tout ce que vous devez savoir à ce sujet.
Le meilleur père de la péninsule
Les crapauds accoucheurs sont un genre d'amphibiens appartenant à la familleAlytidae. Quatre espèces sont différenciées dans la péninsule ibérique :
- Alytes obstetricans : On le trouve en Suisse, en Belgique, en Allemagne et dans une grande partie de la péninsule. Ce sont les plus gros du genre avec seulement 5 centimètres de corps !
- Alytes cisternasii : ils sont un endémisme ibérique. Notre péninsule est son seul habitat, sa conservation est donc essentielle.
- Alytes muletensis : le plus petit du genre. De taille mince et gracieuse. Ils sont endémiques de Majorque.
- Alytes dickhilleni : également endémique de la péninsule. Très semblable àAlytes obstetricans.
Comme on peut le voir, le sexe Alytes prédomine dans notre péninsule. C'est un privilège d'avoir des espèces aussi curieuses que des espèces endémiques ! Mais cela vient aussi avec une responsabilité : toutes ces espèces sont de l'aire de répartition vulnérable à menacée selon l'UICN. La conservation et la préservation de ces animaux est un must.
Reproduction à terre, atypique chez les amphibiens
Au début du printemps et avec l'arrivée des pluies, les crapauds accoucheurs mâles se mettent à chanter depuis leurs abris. Dans les régions sèches et aux pentes sablonneuses, ses chants timides tachent la nuit.
La femelle est attirée par les chants du mâle, le plus grave étant sa prédilection, qui sont généralement émis par des individus plus gros. C'est un cas clair de sélection sexuelle : les femelles choisissent les mâles les plus forts uniquement sur la base de leur revendication.
Une fois trouvé, l'ampexus ou l'étreinte commence. Le mâle se positionne au-dessus de la femelle et la serre dans ses bras par derrière ses pattes avant. Elle, stimulée, expulsera les œufs qui seront immédiatement fécondés par le mâle.
Le mâle se déplace frénétiquement et entrelace tous les œufs entre ses pattes : maintenant les jeunes sont sous sa responsabilité.La femelle abandonne le mâle et continue son chemin.
Une route difficile vers l'éclosion
Le mâle a maintenant une tâche : porter les œufs sur son dos pendant un mois jusqu'à leur éclosion. Cela implique d'énormes efforts et aussi des risques. Les œufs sont gros, nombreux et d'un blanc éclatant, faisant du mâle une cible visible pour les prédateurs. Mais ce n'est pas le seul souci de ce petit amphibien.
Bien que cela n'ait pas été prouvé scientifiquement en raison du manque d'études, on pense que les mâles voyagent à la recherche de zones humides pour préserver les œufs.
Les œufs sont faibles car ils n'ont pas de coquille (leur seule protection est un mélange gélatineux), donc les garder humides est essentiel pour la survie des jeunes. Le mâle devra aussi pouvoir chasser les insectes pour ne pas mourir de faim., une tâche rendue difficile par sa charge énorme.
Lorsque l'heure de l'éclosion approche, le mâle doit se dépêcher. Il ira le plus loin possible à la recherche d'une source d'eau : les têtards doivent éclore. Dans les derniers jours avant l'éclosion des œufs, les petits têtards peuvent être observés à l'intérieur de leurs capsules déjà formées entre les pattes du père.
Une fois la bonne flaque d'eau trouvée, le parent plongera et attendra que les têtards se libèrent de l'œuf. C'est un moment vraiment magique : vous pouvez voir le miracle de la vie en direct. Les têtards commenceront à nager et s'émanciperont de leur père, et il retournera dans son antre tant attendu.
Pourquoi tant de travail ?
On ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ces amphibiens rendent leur existence si compliquée. La plupart des crapauds et des grenouilles pondent leurs œufs dans l'eau et sont oubliés à jamais, mais pas les crapauds accoucheurs.
Tout est dans une question de survie.Le crapaud accoucheur vit dans des environnements secs et incléments, la durée des flaques n'est donc jamais garantie.
Ces amphibiens jouent tout sur une seule carte : maximiser la survie de leurs petits à leurs frais. En portant les œufs, ils les empêchent de mourir par dessèchement ou par prédation, mais ils s'exposent aussi à plus de dangers.
Leur seul intérêt est de laisser une descendance dans les générations suivantes, même si cela leur coûte la vie.