Le dilemme clé des espèces

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Anonim

Le terme d'espèce clé a été introduit dans le domaine de l'écologie en 1969 par Paine, et depuis lors, ce concept semblait bien défini. Une espèce clé est une espèce qui, au sein d'un écosystème, a une série de fonctions uniques qui, si elle disparaissait, seraient suivies par de nombreuses autres espèces.

Aujourd'hui, ce terme est en discussion dans le monde scientifique, à tel point que certains groupes de recherche prônent son élimination totale de l'écologie et de la conservation. Quelles espèces sont considérées comme essentielles à une communauté? Pourquoi les scientifiques de la conservation et de l'écologie préfèrent-ils éliminer un tel concept ? Nous vous le dirons !

Paine et son étoile de mer

Le Dr Robert T. Paine était le zoologiste américain qui a le premier inventé le terme espèce clé. Son intention était d'expliquer la relation entre l'étoile de mer ocre (Pisaster ochracée) et leurs proies. Pour ce faire, il a étudié plusieurs communautés où cette étoile était présente sur la côte Pacifique, dans l'État de Washington.

Selon lui, la composition des espèces au sein d'une zone est totalement modifiée par une seule étoile de mer individuelle, ayant un rôle très important au sein de la chaîne alimentaire. Pour Paine, les individus de cette espèce vedette sont la pierre angulaire de la communauté, car ils assurent la stabilité et la durabilité de l'écosystème. En disparaissant, la biodiversité des espèces changerait complètement.

Les expériences de Paine sont un classique de l'écologie de la conservation. Ses diagrammes ont été reproduits dans d'innombrables manuels et ses articles cités plus de 2 509 fois. Le concept d'espèce clé est devenu très populaire, mais pourquoi voulez-vous le supprimer maintenant ?

Le terme espèce clé est-il fiable ?

L'idée qu'une seule espèce clé a une influence disproportionnée au sein d'une communauté écologique en raison de son abondance provoque une grande incertitude et pourtant il n'est pas correctement ancré biologiquement.

Pour identifier une espèce clé, selon Paine, tous les individus des différentes espèces au sein d'une communauté doivent être comptés ou leur biomasse doit être connue (le poids combiné de tous les individus d'une espèce).

Le respect de ces prémisses est très difficile et, de plus, la biomasse de la grande majorité des espèces est généralement très faible par rapport à la communauté. Par conséquent, ce sont généralement les grands prédateurs qui finissent par être décrits comme une espèce clé, alors qu'ils ne le sont peut-être pas.

Quelle devrait être une espèce clé?

Après cela et d'autres doutes qui découlent de la manipulation du terme et des problèmes qui découlent de son utilisation dans l'écologie de la conservation, certains scientifiques tels que le Dr Natasha B. Kotliar suggèrent le changement de certaines caractéristiques qui définissent les espèces clés. De cette façon, le terme ne serait pas totalement éliminé, mais reconditionné.

Ainsi, pour définir une espèce comme clé au sein de la communauté, les facteurs suivants seront abordés :

  • Son abondance.
  • Présence à l'échelle temporelle et spatiale, c'est-à-dire quand et où l'espèce reste active.
  • Prendre en compte le différentes conditions écologiques auxquels un écosystème peut être soumis.
  • Qu'il ait fonctions uniques ou effectue des processus que d'autres espèces n'ont pas.

En catégorisant une espèce comme clé à travers ces facteurs, la possibilité de confondre le terme avec d'autres concepts écologiques est réduite, tels que :

  • Espèce dominante: ce sont des espèces abondantes et contrôlantes, ainsi que très efficaces pour concurrencer les autres espèces. C'est le cas des buissons dans le chaparral ou dans les écosystèmes désertiques.
  • Ingénieur Ecologiste : organismes qui modulent directement ou indirectement la disponibilité des ressources pour d'autres espèces, provoquant des changements soudains dans l'environnement et chez les individus. Par exemple le castor américain (Castor canadensis). Cet animal a été confondu à plusieurs reprises et appelé une espèce clé.
  • Espèces fondamentales : sont d'une importance disproportionnée pour le maintien de l'écosystème, comme l'oursin violet (Strongylocentrotus purpuratus).

Les scientifiques devraient-ils continuer à utiliser les espèces clés comme concept ?

La meilleure définition (la plus cohérente et la plus simpliste) proposée par les scientifiques de la conservation est la suivante :

Une espèce clé est une espèce d'importance démontrable pour la fonction de l'écosystème.

Cependant, la liste des espèces clés continue de s'allonger de jour en jour, il pourrait donc arriver à un point où les autres animaux sont minimisés. En fin de compte, toutes les espèces ont leur rôle dans différents écosystèmes. La disparition ou l'extinction totale d'une espèce entraîne de graves répercussions, quelle que soit sa fonction.

Au contraire, l'utilisation du terme pourrait être très précieuse pour la science et sa vulgarisation. Ainsi, l'importance de la conservation des espèces atteint plus de gens, loin du monde scientifique. C'est un moyen de transmission rapide et efficace pour expliquer l'importance des espèces, bien que l'utilisation d'autres concepts soit plus précise.