Qu'est-ce que la matriphagie ?

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Anonim

Le fait que des parents donnent leur vie pour leurs enfants est bien connu, car des comportements parentaux altruistes sont observés aussi bien dans le règne animal que dans de nombreuses sociétés humaines. Pourtant, il existe des stratégies parentales extrêmes qui vont bien au-delà de la protection de la progéniture. C'est le cas de la matrifagie.

Savez-vous en quoi consiste ce terme ? Savez-vous quelle en est la signification évolutive ? Ici, nous répondons à ces questions et bien d'autres.

Les soins parentaux et leur relation avec la progéniture

Les soins parentaux sont définis comme tout trait parental qui augmente les chances que les enfants survivent, se reproduisent et transmettent leurs gènes aux générations suivantes.Ce mécanisme est illustré à la fois par des caractéristiques comportementales et non comportementales.

La garde parentale n'est pas un processus qui vient gratuitement, car dans tous les cas les parents doivent détourner des ressources et de l'énergie qui seraient pour eux au départ. Chaque bouchée qu'ils apportent à leur progéniture est une bouchée qu'ils ne mettent pas dans leur bouche. Par conséquent, les soins parentaux sont rares chez de nombreux animaux :

  • Chez les invertébrés, il est très rare, et quand il existe, il est représenté par les femelles.
  • Chez les poissons, quand ça existe, ce sont les mâles qui s'occupent de la progéniture.
  • Les oiseaux présentent souvent un type de soins biparentaux dans lequel les deux sexes travaillent pour élever la progéniture.
  • Enfin, chez les mammifères, ce sont toujours les femelles qui s'occupent des enfants.

Pour les parents, c'est un investissement, car ils réduisent leurs propres chances de survie et de reproduction futures afin d'offrir le meilleur destin possible à leurs enfants.

Qu'est-ce que la matriphagie ?

La matriphagie est le type de soins parentaux le plus extrême, puisqu'elle est basée sur la consommation de la mère par les jeunes. Ce comportement n'est observé que chez les invertébrés et chez un groupe d'amphibiens, les céciliens.

Dans cette dernière, ce processus n'est pas complet, puisque la mère ne meurt pas en nourrissant ses enfants. Les cécilies femelles permettent à leur progéniture de se nourrir du tissu de leur oviducte, ce qui leur nuit naturellement, mais ne les tue pas. Un autre cas très différent est celui que nous vous montrons ci-dessous.

Un cas précis : Amaurobius ferox

Cette petite araignée est répartie dans toute l'Europe et l'Amérique du Nord. Au-delà de leur image, commune à celle de nombreux arachnides, les femelles de cette espèce se caractérisent par leur extrême altruisme envers leur progéniture.

Dans ce cas, la femelle reste avec l'oothèque (ou sac à œufs) jusqu'à ce que les petits en sortent.Tout d'abord, il pond un deuxième lot d'œufs pour les nourrir, pour ensuite encourager sa progéniture à se nourrir de son propre corps. Les nouveau-nés injectent leur venin dans le corps de la mère pour provoquer une mort rapide.

Les avantages que cette stratégie donne aux nouveau-nés sont plus que clairs. Certains d'entre eux sont les suivants :

  • Le corps de la mère est une source de nutrition, ce qui se traduit par une meilleure croissance et un meilleur développement de la progéniture.
  • Matriphagie accélère le processus de mue. Les invertébrés perdent leur exosquelette après des intervalles de temps périodiques, et cette stratégie parentale les raccourcit.
  • Les chiots qui se nourrissent de leur mère ont un taux de survie beaucoup plus élevé que les espèces qui ne le font pas.
  • La matriphagie favorise la socialité entre les membres de la progéniture, car elle empêche des processus tels que le cannibalisme entre frères et sœurs.

Les enfants bénéficient sûrement de ce comportement de multiples façons, mais qu'est-ce que la mère y gagne ? Une étude scientifique a tenté de répondre à cette question, puisque les chiots ont été séparés de la mère avant qu'elle ne soit mangée dans des conditions de laboratoire. Les résultats étaient les suivants :

  • 80% des femelles qui ont été séparées de leurs petits ont pondu un deuxième sac d'œufs. De tous les nouveaux descendants, seuls 40 % ont survécu, contre 90 % pour le premier lot.
  • Le nombre d'œufs pondus dans le deuxième lot était significativement inférieur à celui du premier.

Ainsi, ces résultats nous montrent clairement que cela ne vaut tout simplement pas la peine de vivre pour la femelle après avoir donné naissance à une première génération de progéniture. Si la survie d'un deuxième lot d'œufs est si faible, pourquoi s'en soucier ?

Question de gènes

En fin de compte, toutes les stratégies évolutives trouvent une réponse dans la génétique. La plupart des animaux ne se perçoivent pas comme des entités autonomes (ou cela n'a pas été prouvé), leur principale préoccupation est donc que leur lignée soit maintenue dans le temps.

C'est pourquoi certains parents se battent bec et ongles pour protéger leur progéniture, tandis que d'autres se laissent manger entiers pour que leurs enfants puissent s'épanouir. La matriphagie est un concept choquant pour les humains, mais il a certainement une signification évolutive claire.